Save the last spray for me !

Le public ne reconnait un mouvement artistique que quand il est mort.

Depuis Banksy, les médias relatent de plus en plus d’événements liés aux arts urbains : expos de street art, ventes de graffitis. Les institutions investissent ce nouveau filon sans chercher à le comprendre. C’est,  pour elles, un produit comme un autre. La culture devient divertissement.  On assiste à l’aberration de vendre aux enchères ou d’exposer de ce que, par essence, ne peut exister que dans la rue.

Les écoles de graphisme idolâtrent la culture urbaine et son esthétisme. La transposition malheureuse qu’en fait toute une bande de personnages agissant individuellement ou en associations (subventionnées de préférence) dévoie l’art de la rue en des travers mercantiles. Avec une fausse rébellion et la mise en scène de l’illégalité, cette génération est maintenant cul et chemise avec le système économique qu’elle dit combattre.


Comme l’est aujourd’hui le numérique, la bombe de peinture fut en son temps un outil pour la création picturale. Facteur de vitesse, les sprays nous ouvraient de nouveaux champs par l’accélération du rythme d’exécution des œuvres. Même si, parce qu’il s’agissait le plus souvent de peinture glycérophtalique qui demandait plus d’attention au séchage (et qui pouvait couler), en ces début des années 80,  la  » bebom  » accélérait l’exécution et par effet de bord apportait une nouvelle donne plastique.

Les objets dérivés, rarement la figure elle-même, ont créé une économie entière. 

Proche de l’industrie du divertissement, les street artistes décorent les salons et les façades des bourgeois et fayotent pour qu’ils achètent une de leurs toiles souvent vides de sens.  Leur métier est reconnu et  enseigné dans les écoles.

Si le numérique, internet ou le hacking nous donne aujourd’hui le loisir de court-circuiter les médias habituels (journalistes, critiques, médiateurs, curateurs, et galeristes), le street art, lui, fait exactement le contraire et se rue vers le système commercial, les galeries, les musées, les subventions et les honneurs les plus divers. 

Rechercher la satisfaction immédiate : La jouissance express dans l’espace public avec un minimum d’efforts de réflexion et de création, sans revendication, ni éducation, nous conduit au cul de sac sociétal de l’hédonisme.

 » Le street art est à peu prêt au graffiti ce que Doc Gynéco est aux Black Panthers « .

Le graffiti vrai n’était pas commercialisable. Les politicards ou leur police n’étaient pas des amis. Quelques graffiteurs historiques, hacker urbains, quand ils ont survécu, restent les messagers de la contreculture et du changement. Leurs réflexions et leurs engagements sont la dernière chance de modification de notre  société de moutons !

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