En novembre 1984, avec ma copine du moment, je présentai une performance intitulée « DEUS IRAE » à l’école des Beaux-Arts où j’étais étudiant en troisième année.
Dans un espace sonore assez violent et bruitiste, les spectateurs se tenaient autour d’une grande bande de papier blanc. A un bout, un statuaire noir assez destroy représentait une sorte de machine déglinguée. Juste devant, un bloc de béton, noir aussi, était frappé d’une croix inclinée en X et d’une flèche en forme d’éclair.

Habillé de manière très straight, façon dandy hi-tech, et après quelques gesticulations et poses rituelles dans l’espace cadencé par des raies de lumière issues de diapositives …
… je commençai à me percer une veine du bras à l’aide d’un cathéter.

Je me déplaçai ensuite sur le ruban de papier où goûtait mon sang en un clip-clap audible par la foule (la bande son ayant été arrêtée).
A la reprise du vacarmes des haut-parleurs, je projetai de l’essence sur le papier ainsi maculé des petites taches rouges de mes goûtes de sang et enflammai le liquide.

La fumée envahit la salle de l’école. Une partie du public en sortait en toussant. Une autre, j’imagine à cause d’un effet de sidération, attendait la suite. (Avec mon amie, nous portions alors chacun un masque à gaz).
Là se produisit une chose inattendue: Les gouttes de sang coagulées par les flammes avaient créé de petites hosties brunes.
« Ceci est mon sang ! »