Fin 1984, avec sa copine du moment, phase3 présentait une performance à l’École Supérieure d’Arts de Grenoble où il était alors étudiant en troisième année.
Dans un espace sonore assez violent et bruitiste, les spectateurs se tenaient autour d’une grande bande de papier blanc. A un bout, une sorte de carcasse de machine déglinguée. Devant elle, un bloc de béton noir frappé d’une croix en X et d’une flèche en forme d’éclair.
Habillé de manière très stricte, façon dandy hi-tech, après quelques gesticulations et poses faussement rituelles, dans l’espace cadencé par des raies de lumière, phase3 se perça une veine de la main avec un cathéter et se déplaça ensuite sur le ruban de papier où goutait son sang en un clip-clap à peine perceptible par le public (la bande son ayant été arrêtée).





A la reprise du vacarmes des hautparleurs, il répandit de l’essence sur le papier ainsi maculé des petites taches rouges de son sang.
Il enflamma le liquide.
La fumée envahit la salle de l’école. Une partie du public en sortit en toussant. Une autre, surement à cause d’une certaine sidération, attendait la suite.
Il se produisit alors une chose inattendue.
Les gouttes de sang coagulées par les flammes avaient créés des sortes de petites hosties brunes.
Phase3 les ramassa et les distribua alors aux spectateurs encore présents en disant :
« Prenez et mangez-en tous,
ceci est mon sang livré pour vous »